LA TAPISSERIE AU XV° SIÈCLE                         91
Si nous poursuivons cette énumération jusqu'au jour où la ville cesse d'appartenir au roi de France, nous rencontrons, en 1410, un autre tapissier, nommé Arnould Poissonnier, qui livre d'un seul coup à l'empereur Maximilien, moyennant la somme de 1,460 livres, trois tentures importantes : un Triomphe de Jules César, en huit pièces, contenant quatre cents aunes; une Histoire de gens et bestes sauvages, de trois cent deux aunes; une chambre de Chasse et de Voierie, de deux cent quatre-vingt-dix-neuf aunes.
Quand la ville passa sous la domination du roi d'Angleterre, les magistrats ne négligèrent aucune dépense pour disposer favorable­ment leurs nouveaux maîtres. De riches tentures furent offertes au roi ét à ses principaux officiers. Une tapisserie du Voyage de Caluce fut acquise pour cette destination de Jean Poissonnier ; un autre maître, Jean Devenin, livra douze pièces représentant les Douze mois de l'année, enfin la Vie d'Hercule, tissée par Clément Sarrasin, était présentée au gouverneur de la ville.
Nous en resterons, pour le moment, à cette date fatale de 1513 qui arrachait à la France une de ses plus vieilles et plus fidèles cités. Quatre ans plus tard, il est vrai, le roi François Ier devait recon­quérir la ville détachée de ses États, mais, hélas! pour trop peu de temps. Nous exposerons, dans les "chapitres suivants, les vicissi­tudes que devait traverser à Tournai le métier naguère si florissant.
Parmi les cités flamandes les plus riches et les plus industrieuses, il n'en est pas une qui ait joué au moyen âge, dans l'histoire de la tapisserie, un rôle comparable à celui de Tournai, à l'exception, bien entendu, de la capitale de l'Artois.
Falenciennes. — Les anciennes archives font mention d'un ta­pissier de Valenciennes dès 1325; elles nous ont gardé le nom d'un certain Jean Hont, hauteliceur de la même ville, qui travail­lait pour Jeanne de Brabant en '1364, et ceux de deux autres ouvriers, Thiéri, de Beims, et Jean Castelains, natif de Quiévrain, établis tous deux à Valenciennes en 1368. Ces faits isolés ne prouvent pas que l'industrie de la tapisserie ait été bien prospère à Valenciennes au moyen âge. Les hauteliceurs n'y furent jamais assez nombreux, au xve siècle, pour former une corporation dis­tincte. C'est tout au plus si on a pu relever de loin en loin . quelques noms, soit douze ou quinze au plus, pendant un espace de cent ans et davantage.